Un matin comme un autre, tout au moins, c’est ce que je croyais avant cet affrontement aussi bref que décadent, mais à la fin heureuse malgré tout…
Un matin comme les autres, un matin glacial d’hiver où la température avoisine les -2°Celcius et où mon rythme de marche dynamique et désigné m’entraine vers cette mauvaise rencontre, petite forme de « décadence » de notre triste réalité !
Je me lève après quatre heures de sommeil bien mérité, je m’étire et je suis déjà concentré sur ma journée. C’est une habitude de toujours que de me plonger tout de suite dans les méandres de mon monde acquis, à peine mon esprit s’éveille que mon corps réagit et reçoit cette multitude d’informations de mon cerveau alerte.
Pas d’autre alternative me direz-vous ! Nous vivons avec notre temps et le mien depuis toujours est compté. C’est un choix, pas une obligation, j’ai toujours réagi positivement aux aléas du quotidien.
Se lever, reposé ou non mais le décider vous-même vous emmène toujours plus loin, plus facilement et vous permet d’affronter vos tâches avec force et motivation.
La pratique des arts martiaux mais aussi un rythme effréné depuis mon plus jeune âge m’ont guidé dans ce sens et je ne regrette pas. Je partage et je transmets aussi modestement soit-il à mon entourage proche comme éloigné, j’ai décidé de ne jamais faillir à la tâche et de persister… Quand autour de moi plane un sentiment de frustration ou de désuétude, quand quelqu’un a tendance à abandonner, vidé de toutes ses forces ou si son quotidien l’a dirigé vers une route remplie d’obstacles, je suis là, chargé d’énergie pour compléter sa carence et combler ce manque aussi modestement qu’il soit possible de le faire mais toujours là quand même.
La veille au soir, après 14 heures d’une journée harassante mais variée à souhait, je rencontrai un ami charmant et adorable, bourré de sentiments précieux avec qui j’adore échanger depuis notre première rencontre.
Sa tristesse du moment et l’accumulation de problèmes dans sa journée l’avaient conduit à m’écrire un message simple mais non dénué de sens : « Je vis une période difficile et ta sagesse me manque… » J’avais réagi immédiatement et avait convenu d’un rendez-vous immédiat pour sonder autant qu’analyser sa situation comme chaque fois qu’il m’est demandé de le faire dans ma vie. Juste retour pour lui qui est toujours volontaire pour m’aider en cas de nécessité.
Pour beaucoup, l’effort n’est pas utile, écouter et réconforter ne fait pas parti de leurs habitudes ! Pour d’autres, qui n’ont plus le sentiment que leurs efforts puissent porter ses fruits, il n’y a plus d’espoir et ils se contentent de répondre par des encouragements aussi simples qu’inutiles !
Je n’ai jamais pu me contenter de cela, par ailleurs, mon cercle est si restreint qu’il me paraît être un minimum que de pouvoir consacrer du temps à toutes ces personnes qui m’apportent chacune à leur façon un complément de ce bonheur capitalisé dans ma vie.
L’échange d’ailleurs fut court, ma soirée était loin d’être finie et je ne pouvais pas lui consacrer plus de temps. Je ne lui ai rien dit, je l’ai écouté et j’ai apprécié cet échange riche en tout point.
Il paraissait si heureux en me quittant, chargé de mon énergie comme je l’étais moi-même par son unique présence et le plaisir de son sourire.
De fil en aiguille et de projets futurs aux actions à mener, nous avions trouvé naturellement les solutions évidentes à nos yeux qui ne lui étaient pas venues à l’esprit sans la richesse d’un dialogue.
45 minutes avaient été donc suffisantes pour qu’il me laisse un goût sucré en bouche, sourire aux lèvres que j’ai gardé jusqu’au moment de fermer les yeux quelques heures plus tard.
Je l’ai serré dans mes bras comme pour conclure avec un geste plus fort que tout le reste, plus fort même que de simples mots. J’avais répondu à son attente et quelque part à la mienne aussi.
Alors ce matin quand j’ai pris la route pour démarrer ma journée habituelle, j’étais gorgé d’idées, de projets et de bons sentiments, tout semble se bousculer mais tout est si bien rangé en même temps !
Je rejoins ma bouche de métro par automatisme, entendez par là, que mes pas s’enchainent sans avoir besoin d’assistance, le chemin m’est familier et les imperfections de la route sont connues par cœur et évitées naturellement !
Une petite dizaine de minutes revigorantes qui contribuent à alimenter mon compteur de « pas du jour », vous savez, cette application téléchargeable qui vous résume en fin de journée si vous avez été assez actif ou si vous vous êtes comporté comme un « papy » !
Ceux qui me connaissent savent pertinemment que mon compte est largement positif et les faits que je vais vous détailler aujourd’hui ne font que me conforter dans mon idée qu’il faille toujours rester vif et alerte en toute circonstance. Le maintien en bonne santé par une pratique régulière d’activités physiques y contribue totalement.
C’est le coach sportif plus que le narrateur qui s’exprime à cet instant précis.
Me voici face à cet escalier lugubre, au mélange de senteurs plus ou moins définissables. Ce matin, est moins nauséabond que d’autres, il faut dire que le froid fige les odeurs et limite leur diffusion.
Je descends les marches qui me guident vers le passage habituel, mon sac à dos est lourd, il contient mon habituel ordinateur et mes effets personnels lorsque je dors à l’hôtel. J’ai à la main ma valise de « docteur » encore plus lourde, contenant mon organiseur, mon book, mes accessoires de travail et de visite…
Je passe d’ailleurs le tourniquet avec difficulté comme souvent, les bras fatigués, même si je m’efforce de ne jamais refuser l’effort, il n’en demeure pas moins pénible parfois !
C’est juste l’approche que j’en fais qui me permet de moins « souffrir ».
Je poursuis et j’entends le bruit de la trame qui arrive en station, mon cerveau a déjà calculé par anticipation, je sais que les portes se refermeront tout juste derrière moi, je pénètre dans la cabine, le « doux » son de la sirène de fermeture retentis et mes prédictions se confirment.
Deux stations avant d’arriver à ma correspondance, ensuite 6 stations encore pour parvenir à la gare Saint-Lazare, je sais que quelques efforts sont nécessaires pour arriver jusqu’à mon bureau et qu’une heure au meilleur des cas me sépare encore de lui.
En deux stations, rien n’est envisageable, pas de bouquin, pas même un peu de musique, je me concentre de nouveau sur le programme de ma journée et j’attends de descendre à la bonne station.
Il m’arrive parfois d’oublier de sortir au bon endroit, je ne suis pas le seul à qui cela arrive, quand c’est le cas, je souris, je prends mon mal en patience et je repars dans le sens opposé !
Mais ce matin, il me faut éviter que cela se produise, ma correspondance de train me laisse tout juste 6 à 8 minutes de répit. J’en profite souvent d’ailleurs pour me prendre un cappuccino et le savourer dans le train.
Ce matin, rien ne me laissait imaginer que je n’en aurai pas le temps !
J’arrive à la station Marcadet-Poissonnier, un long couloir pénible de par la lourdeur de mes deux bagages m’attend, il y a peu de monde dans ma trame et un jeune homme descend devant moi, libre dans ses gestes, il file droit devant.
J’éprouve comme parfois un sentiment bizarre de méfiance, aujourd’hui plus que tout, trop de bruits m’incommodent mais surtout la teneur de ces bruits, très rapidement je distingue au fond de ce long couloir, un groupe d’individus en pleine altercation !
Je n’aime pas ça et visiblement l’individu devant moi non plus, je le vois se serrer totalement à gauche du couloir et ralentir le pas, il s’interroge certainement comme moi, dans ces cas là, nous ne sommes sûrs de rien n’est-ce pas ? Tout et rien peut arriver, certains disent que je suis trop méfiant, d’autres au contraire sont d’accord avec moi pour m’accompagner dans mes interrogations.
Je n’ai pas peur, je suis blasé surtout et je me méfie de mon comportement face à celui qui ne réfléchirait pas en s’en prenant à moi ! C’est un constat malheureux mais déjà vécu, l’âge et l’expérience ont contribué à ce que ce ne soit pas anodin ni appartenant à la colonne des faits divers sans me toucher directement.
Le jeune homme se serre de plus en plus et le groupe se rapproche, il y a de la tension et de la colère dans l’air. Contrairement à lui, je me serre sur la droite, quelques mètres derrière lui, ma valise dans la main droite, j’ai comme le réflexe de la sécuriser en la plaçant entre le mur et moi.
Soudain, tout se passe en une fraction de seconde, un homme en furie dans un charabia incompréhensible se tourne vers le jeune et lui administre un violent coup sur le flanc qui le fait tomber à genou, je me dirige immédiatement vers lui et face à l’individu à la tête à moitié groggy certainement par l’alcool et le manque de sommeil, je me prépare au pire. Je suis embêté, mes bagages me gênent et perturbent mon automatisme de défense. J’ai envie de prendre le bras du garçon en déséquilibre mais au lieu de cela, je bascule ma valise dans la main gauche et anticipant sur l’approche en colère du sale individu, je lui administre un violent coup à la gorge le stoppant net. Un de ses acolytes se retourne et lâche sa dispute déjà engagée avec ce qui me paraît être un autre groupe « ennemi » !
Là je me dis que je suis mal parti, ils sont nombreux et dans un état déplorable, mais je n’ai pas trop le temps de réfléchir que le deuxième m’insulte en levant la main. Mon pied n’a pas mis longtemps a l’atteindre à la poitrine le stoppant net. Les autres continuent de s’entre déchirer dans un vacarme d’insultes impressionnant.
Je regarde derrière moi, trois autres personnes s’étaient stoppées, d’autres avaient tout simplement fait demi tour ! J’aide le jeune homme à se relever et l’entraine dans le tumulte général vers l’avant.
Il me remercie déjà mais je ne réponds pas, je veux juste m’éloigner de ce délire matinal et je jette un dernier regard derrière moi comme pour m’assurer que tout se passe bien pour le petit groupe de voyageur qui nous ont suivi.
Le métro arrive dans la foulée et c’est soulagé que nous entrons dedans.
« Stéphane » me remercie de nouveau et me congratule, je le stoppe immédiatement, je lui dis que cette fois nous avons eu de la chance et que je suis content de n’avoir rien laissé derrière moi (j’étais inquiet aussi pour mon ordinateur, ça ne reste qu’un bien matériel mais tout de même !) ma priorité fut tout de même ce Stéphane et ma propre peau.
Les six stations qui me séparaient de la gare, ont été consacrées vous l’imaginez à refaire le monde. Quelques minutes pendant lesquelles j’essayais de retrouver la sérénité qui m’habite et surtout pendant lesquelles j’ai repensé à l’action et la fin que nous avions pu donner à cette histoire !
J’arrive enfin à la gare Saint-Lazare et mon train m’attend comme d’habitude, je m’installe à l’étage de ce transilien et je sort mon ordinateur de son sac pour commencer à écrire cette histoire, un peu pour contribuer à me calmer et aussi pour transmettre un message.
Ce message est celui d’un homme convaincu que dans notre quotidien, chaque jour peut être vécu agréablement, on peut décider s’il sera clément ou non, s’il sera gai ou non, s’il sera agrémenté d’une belle rencontre ou non…
Il peut aussi arriver ce genre d’anecdote, ce n’est pas la première fois, ce ne sera peut-être pas la dernière, je vis à cent à l’heure et je suis toujours par monts et par vaux, je roule beaucoup, je me déplace beaucoup et je fais de magnifiques rencontres au grès des chemins ! La contrepartie, c’est que parfois, j’en fait des mauvaises, c’est ainsi et je me réjouis que cela se soit bien passé pour moi ce matin.
Savoir se défendre est important aussi, ce ne sont pas mes deux fils qui me contrediront, eux qui aussi jeunes soient-ils, ont déjà vécu ce genre de triste expérience.
Je suis un peu fatigué de ce triste constat parfois et j’ai besoin de me recueillir, de m’isoler pour prendre conscience des bienfaits de notre existence, de toucher les rochers, de marcher pieds nus sur mon dojo en bois et de frapper mon homme de bois pour me plonger dans mes passions et dans ce bonheur de vivre plutôt que de vivre cette « décadence » parfois.
J’aimerai vous transmettre ces bons instants, que vous les imaginiez et que vous preniez le temps d’en faire autant. Ne restez pas dans vos canapés, le regard figé devant votre télévision, ne pestez-pas contre tout et n’importe quoi, ne vous en prenez pas aux autres si vous ne parvenez pas à vos fins.
Prenez le temps de respirer, relâchez-vous et savourez chaque instant à sa juste valeur, chaque jour comme s’il était le dernier et transmettez votre joie plutôt que votre tristesse, il vous en sera retourné d’autant plus que vous y mettrez du cœur.
Et puis Stéphane, je t’ai aidé ce matin mais sans toi, je n’aurai peut-être pas été aussi sur mes gardes, l’union fait la force, nous nous souviendrons de notre rencontre.
Recevez tous mes pensées positives,
David ©®
Ils ont eu ce qu’ils méritaient ! C’est lamentable mais encore une fois, tu as bien réagi, respect !